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Écrit par Nots   
24-12-2006

Psychanalyse des Rituels Religieux

Les antiques machines religieuses de conscientisation et d’actualisation du Self

Nots Christian

 Pour des motifs humanitaires, j'ai choisi de consacrer un travail de recherche au décryptage des dispositifs archéologiques énigmatiques qui subsistent sur les 5 continents en guise d'espoir pour les personnes qui cherchent dans la spiritualité, le difficile chemin de l'intériorité et du Self. Dans ce sens, je vais démontrer dans ce chapitre que les immenses et énigmatiques monuments archéologiques des anciennes civilisations disparues étaient en réalité des systèmes psychothérapiques monumentaux qui, par le biais de topologies rituelles initiatiques extrêmement sophistiquées et intelligentes, permettaient de conscientiser et de structurer la topologie identitaire interne et le Self des hommes du paléolithique, du mésolithique et du néolithique. 

Les anciennes civilisations du paléolithique, du mésolithique et du néolithique étaient essentiellement des théocraties qui fondaient leur but sociétal sur l'exploration identitaire profonde d’eux-mêmes et sur la quête du Soi. Les hommes de la protohistoire connaissaient l'identité humaine et la conscience intérieure à la perfection (que nous appelons aujourd'hui le ça, le Soi, le Self, l’inconscient, etc.) Ils avaient concentré leurs moyens communautaires à la construction de plus en plus perfectionnée de dispositifs psycho-religieux gigantesques pour transmettre à travers le temps la quintessence de leurs découvertes méta-identitaires qu'ils avaient décryptées au cours de leurs très anciennes recherches spirituelles et rituelles. 

Paradoxalement, les technocraties actuelles ne connaissent effectivement presque rien sur l'identité réel de l'être humain et aucun laboratoire scientifique n'y consacre de recherches approfondies et systématiques ; cet oubli, inhérent à la logique commerciale et industrielle de la plupart des civilisations contemporaines, est renforcé par une répartition politique des budgets de recherche qui valide une utilisation quasi-globale des financements à des recherches de haute technologie, à des recherches industrielles et à des recherches militaires. Parallèlement, un budget infime est injecté dans des recherches psychologiques, psychiatriques, psychothérapiques ou psychanalytiques. De plus, les rares budgets résiduels alloués à ces disciplines sont généralement dilués dans des thèmes redondants aboutissant souvent à des impasses ou marginalisés dans des recherches trop spécialisées, sans la possibilité d'une synthèse interdisciplinaire heuristique. Cependant, ces recherches existent mais elles sont le fait contextuellement de chercheurs isolés ou de praticiens privés faisant un travail d'exploration lent, faute d'équipes de recherche. 

Pourtant, il faut savoir que les professionnels connaissent très précisément les thèmes stratégiques à explorer : par exemple, je pense à la définition encore confuse et incomplète de l'identité symbolique, au thème essentiel mais inexploré de la maturescence identitaire adulte, de la santé psychique, à la définition inexistante de la conscience (!) ou aux notions non encore approfondies de conscience et d'inconscience cognitive et socio-écologique…. Autre acte manqué intentionnel de la recherche dans les sciences humaines, je pense à notre incurie surprenante quant à la construction et à la déconstruction des représentations mentales constitutives de l'identité et du Self : il est intéressant de noter aussi que pratiquement aucun chercheur n'a essayé de dépasser l'hégémonie des mécanismes de défense du processus primaire et l'obsolescence d'une psychologie orientée outrancièrement sur la pathologie pour arriver à envisager complémentairement une psychologie de la santé avec des mécanismes offensifs - ou de résilience et de coping - de la conscience dans le cadre du processus secondaire…

Dans un questionnement plus incisif mais aussi plus inquiétant, il faudra un jour aussi oser se demander pourquoi le Soi - ou le Self, 4ème concept majeur de la psychologie, de la psychanalyse et de la psychiatrie, n'est toujours pas défini au début du XXIème siècle? 

Pour conclure sur cette digression politico-identitaire et sans s'engager dans l'immédiat sur le questionnement glissant et hors sujet d'une intentionnalité politico-institutionnelle quelconque, il apparaît clairement que certains secteurs stratégiques des sciences humaines sont marginalisés - ce qui devrait nous faire admette humblement que notre forme de civilisation, technologiquement et scientifiquement avancée, est devenue régressivement pré-humaine…

 

Du haut de ces certitudes scientifiques absolues et de son hypertrophie egoïque, l'humain du XXème siècle (et sûrement du XXIème siècle), témoin décérébré et acteur par complicité passive de la nucléarisation de villes civiles, des multiples et quotidiennes guerres impérialistes et colonialistes et des inévitables et récurrents génocides contemporains, n'acceptera certainement jamais l'évidence que ces civilisations dites "primitives"[par nos scientifiques tous affublés généralement d’une personnalité grandiose] étaient humainement plus avancée que la sienne. 

A l'opposé des préoccupations grandioses de l'homme actuel, contemporaines d'Hiroshima et des inutiles voyages sur la Lune ou sur Mars [sauf pour les applications militaires], les hommes de la préhistoire et de la protohistoire tournaient le dos à la technologie et au monde extérieur pour explorer leur esprit et leur identité profonde. Ce cheminement introspectif a duré des dizaines de millénaires et les a emmenés à découvrir un véritable monde à l'intérieur d'eux-mêmes, fait de reliefs identitaires sauvages et inexplorés. 

Ils avaient senti que cette découverte était vitale pour l'évolution de l'espèce humaine et qu'elle pouvait se perdre irréversiblement. Ils savaient aussi que sa perte pouvait entraîner un véritable déluge cognitif collectif pouvant engendrer une déshumanisation guerrière et schizogène pour leur civilisation et pour les civilisations futures. Tous les monuments religieux gigantesques disséminés aux quatre coins de la planète ont été conçus dans une optique d'éternité contre l'usure du temps pour assurer la transmission pro-active sur plusieurs dizaines de millénaires de ces méta-connaissances psychologiques. Les constructeurs de Stonehenge et des Pyramides de Gizeh savaient que leurs écrits architecturaux deviendraient indécryptables à cause de la dys-synchronie cognitive massive et collective qu'ils avaient anticipé génialement pour nos civilisations et qu'ils redoutaient par-dessus tout pour la leur ; mais le fait même qu'ils aient fabriqué des structures trans-millénaires prouvent aussi qu'ils avaient la certitude que quelques rares individus dans le futur doués d'une intelligence intuitive supérieure arriveraient à décoder leur message. 

Pendant des millénaires, en utilisant intentionnellement leur pensée symbolique pour explorer les limites de leur relief identitaire interne, les hommes ont peaufiné des méthodologies rituelles analogiques et topologiques très complexes dont nous admirons - encore aujourd’hui - les résidus archéologiques sidérants ; ainsi tous les monuments archéologiques se recoupent et se ressemblent malgré l'éloignement temporel et géographique car ils renvoient tous à la recherche centrale des religions primitives qui cherchaient la structure absolue du Soi. Cette méthode permettait d'explorer et de conscientiser les hauts plateaux, les profonds canyons et les vastes plages du Self…

Leur but ultime était d'accéder à des formes très avancées de conscience et de liberté extrême. C'est pourquoi, depuis l'aube des temps cette méthodologie originelle fonde le secret absolu des religions de l'humanité. Ces dispositifs religieux trans-historiques étaient donc de vraies machines à conscientiser et à construire l'identité interne. Ces machines étaient constituées par une concentration méthodique d'ateliers rituels spécialisés qui originellement correspondaient à des configurations topologiques naturelles (arbres, mégalithes, microlithes, pétroglyphes, leys, etc.) puis plus tard à des configurations architecturales circulaires – mais au fils des millénaires de plus en plus dégradés sémantiquement, rituellement et topologiquement. Ils permettaient pour chaque individu un travail de spéléologie identitaire et un travail topologique de conscientisation, de déconstruction et de reconstruction de l'ensemble de leur relief représentationnel et identitaire interne – que nous appelons aujourd’hui le Soi ou le Self. 

Trans-historiquement et trans-géographiquement, on retrouve le même ensemble topologique et processionnel de salles, de cellules, de chambres, de grottes, de plate-formes, de colonnes, de mégalithes, de microlithes, de statues, de niches, d'hypogés, de pierres de bétyles, de kivas, de pétroglyphes, de trous, de géodésies, de stupas, de leys…. Chaque ensemble archéologique qu'il soit Sumérien, Nazca, Incas, Maya, Egyptien ou Scythe correspondait à une noria d'ateliers de conscientisation identitaire avec invariablement les mêmes rituels de travail : rituels périnataux, rituels sexuels, rituels musculaires, rituels cutanés, rituels émotionnels, rituels communicationnels, rituels cognitifs, rituels filiaux ou rituels relationnels… 

Les dispositifs mégalithiques de Stonehenge en Grande-Bretagne, les alignements de Carnac, les Kourganes des Scythes, les Pyramides égyptiennes, les labyrinthes de Cnossos en Crête, les géoglyphes de Nazca au Pérou, les centres cérémoniels Mayas et Incas, les Ziggourats de Sumer et plus récemment les cathédrales illustrent bien cette fonction incroyable d'exploration identitaire. D'un point de vue cognitif, l'homme du paléolithique et l'homme des théocraties antiques ne mentalisait pas comme l'homme actuel : il avait une mentalisation moins rationnelle et beaucoup plus intuitive et symbolique.

L'investissement de sa pensée rationnelle restait pondérée et sa pensée symbolique était massivement entraînée dès l'enfance par d'énormes dispositifs psycho-religieux ou psycho-spirituels. Liés à une désacralisation progressive de la civilisation et à un surinvestissement préférentiellement technologique, la pensée de l'Homo Sapiens s'est sécularisé, générant un fonctionnement cognitif hautement pathologique et pathogénique de type « dyssynchronique » ; cette involution a provoqué une désafférentation (ou une inhibition) progressive de la conscience symbolique couplée à une redondance réactionnelle de la conscience rationnelle, intellectuelle et instrumentale ; cette mentalisation dyssynchronique, particulièrement (dé-)flagrante au XXème siècle, nous empêche de sentir et de déchiffrer le méta-message, humainement très avancé et rationnellement incompréhensible contenu implicitement dans ces monuments intemporels et indestructibles.

Le message des théocraties primitives n'est donc pas vide mais nos structures mentales actuelles nous empêchent de le saisir. En terme de pathologie cognitive, ce mode de mentalisation pathologique et pathogénique a provoqué une lente déshumanisation individuelle et collective qui s'est symptomatisée bruyamment dans les violences collectives exponentielles des trois derniers siècles de ce millénaire. 

Ce chapitre n'étant qu'une introduction au décryptage général des dispositifs religieux, je ne développerais pas plus avant le thème des invariants rituels ainsi que leurs correspondances identitaires ; ces éléments fondamentaux seront développés au chapitre 10 ; nous verrons ainsi que les dispositifs religieux étaient généralement triples liés au fait que les théocraties primitives définissaient l'identité interne comme un relief triple et que les liturgies religieuses peuvent êtres synthétisées dans un code rituel universel (les invariants rituels) qui correspond lui-même à un code identitaire universel précis (les invariants identitaires). 

Heureusement, depuis une trentaine d'années, on assiste à une ré-émergence massive des études et des articles consacrés au Self et à l'identité interne dans les domaines de la psychologie, de la psychanalyse, de la psychiatrie, de la sociologie, des sciences cognitives, des sciences politiques et même des sciences religieuses. Ces études récentes ré-alimentent un questionnement novateur sur l'identité profonde qui avait été colonisée puis partiellement clôturée par la conceptualisation freudienne et post-freudienne ; en effet, alors que Freud avait toujours été un savant résolument progressiste dans ses multiples remaniement psychanalytiques et notamment dans ses questionnements incessants sur la théologie, sur la philosophie politique ou sur la guerre ses disciples après sa mort se sont positionnés souvent comme des exégètes hystériques ou comme des épigones obsessionnels réussissant ainsi pendant environ 40 ans à fétichiser la psychanalyse en dogmes phalloïdes ! 

 D'ailleurs, cette problématique de l'héritage freudien commence à être étudiée aujourd'hui par certains praticiens qui travaillent à l'analyse de leurs propres pulsions de pouvoir et de leurs propres pulsions d'inceste paternel avec cette notion stratégique de dette symbolique au père historique… mais aussi au père étatique ! (le Big Father étatique contemporain). Ce dénouement tardif pourra peut-être permettre à la fragmentée communauté psychanalytique contemporaine (autant pour les ultra-orthodoxes et profondément endormis freudiens que pour les très étatisés lacaniens ou encore pour les très mystiques junguiens) d'accéder à une prise de conscience qualitative et à une urgente re-responsabilisation identitaire au sujet des conséquences impensées, non analysées et potentiellement létales de la crétinisation - sournoisement hyper-politique - de notre jeune et trop intelligente psychanalyse freudienne. D’ailleurs, ce processus de censure rampante risque à terme de devenir tératogène pour la psychanalyse du XXIème siècle.

De plus, la communauté psychanalytique pourrait peut-être enfin sortir de ses luttes fratricides et accepter humblement l'héritage de Freud pour simplement l'enrichir. Pour terminer cette digression par un clin d'œil clinico-esthétique il faut quand même décrypter que la rapacité de plusieurs mouvements professionnels qui cherchent à « rapter » depuis plusieurs décennies (bien au-delà de la simple captation) l'héritage de Freud pour se l'approprier correspond symptomatiquement (sinthomatiquement !) à des  « outsights » schizoïdes et psychotiques [topiques de forclusions et de Non-Selfs psychotiques ou fortes composantes psychotiques pour les cliniciens] issue généralement de la non-résolution d'une problématique lourde et non analysée à leur propre père que ces mouvances « exogènes » réifient projectivement à travers le meurtre symbolique du père de la psychanalyse… 

Ces recherches contemporaines permettent aussi d'accéder à la néo-conceptualisation de nouvelles clés identitaires pour étudier ces connaissances archaïques complètement occultées par la Science. J'espère pour ma part que cette méta-approche différentielle de type topologique, rituelle et identitaire des dispositifs religieux servira de modélisation fertile pour relancer sous un angle nouveau l'étude très incomplète de nombreux monuments archéologiques ; j'espère aussi qu'elle stimulera de nouvelles recherches ethnologiques et anthropologiques sur les méthodologies rituelles primitives.

 

Extrait d’un chapitre de « Le dictionnaire du Self », C.Nots, A paraître fin 2007

Dernière mise à jour : ( 03-12-2007 )
 
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