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Subjectivité d'Etat et Subjectivité psychanalytique subversive 1er trimestre 2006 Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
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Écrit par Christian Nots   
09-08-2004

A l'occasion du procès de Théodore Reik, docteur en psychologie et membre de la Société Psychanalytique de Vienne, pour exercice illégal de la médecine, S. Freud va plaider, au travers de son livre « La question de l'analyse profane », pour la cause d'une psychanalyse singulière et indépendante : indépendance vis-à-vis de la médecine qui cherche à l'annexer comme ce fut le cas pour l'hypnose, mais aussi indépendance vis-à-vis de la religion, des sciences occultes, de la sorcellerie, des pouvoirs publics, de l'Etat... Aujourd'hui, cette question de l'analyse profane ou laïque ( Der laienanalyse ) est plus que jamais d'actualité et mérite un travail de réflexion analytique, afin d'affiner et de prolonger ce démarquage entre ses singularités subversives et ce (ça) qu'elle n'est pas.

SUBVERSION DE LA PSYCHANALYSE FACE AU POUVOIR RELIGIEUX

Le prêtre est un homme sacré qui utilise un cadre liturgique (système de rites) rigidifié et déconscientisé et un cadre subjectif opaque (sa foi), peu conscientisé et donc peu sémantisé ; dans ce sens, la religion actuelle est une religion de Dieu et non une religion de l'homme.

A l'opposé, si l'on se risque à une comparaison difficile avec l'analyste, celui-ci utilise doublement un cadre appelé aussi setting ou baquet analytique - avec des invariants de temps, de rythme, d'assertivité symbolique, de transfert, de contre-transfert (...) qui sont consciemment gradués par l'analyste en fonction du travail de déconstruction et de reconstruction intra-subjective de chaque analysant - et un cadre intra-psychique et poly-topique, constitué par son relief identitaire symbolique qu'il a suffisamment conscientisé, apuré et ordonné - notamment dans le cadre d'une psychanalyse didactique millimétrique et approfondie -, qui lui permettent de sentir et de contre-transférer des interprétations vers l'analysant : clairement, on peut dire que le travail de l'analyste est axé sur la re-subjectivation de l'analysant.

Dans un travail beaucoup plus confus et désordonné, le prêtre, pour terminer cette comparaison originale, est axé certes sur une certaine subjectivité mais il s'agira là d'une subjectivité divine plus opaque et beaucoup moins fonctionnelle qui s'inscrit plus dans une illusion désubjectivante que dans un travail identitaire de déconstruction et de reconstruction réel et précis : le psychanalyste n'est donc pas, et ne doit pas être, un homme sacré.

SUBVERSION DE LA PSYCHANALYSE FACE AU POUVOIR INTELLECTUEL

Effectivement, l'analyste est souvent un érudit qui doit étudier de nombreuses disciplines où peut se nicher de l'inconscient car l'inconscient à décrypter n'est pas que corporel, il est aussi cognitif et socio-écologique. Pour le dénicher, l'analyste doit fureter panoptiquement et garder un œil critique et lucide sur les sciences cognitives, la sociologie, les sciences religieuses, les sciences politiques, les sciences historiques ou les sciences juridiques. Cependant, ses connaissances intérieures, issues d'un travail avancé sur son inconscient et sur lui-même, fonderont toujours prioritairement son identité et sa fonction d'analyste, bien plus que ses connaissances intellectuelles. D'ailleurs dans sa pratique, si sa raison et son intellect envahissent le processus analytique, la cure deviendra iatrogénique et renforcera dangereusement les résistances de l'analysant... et de l'analyste.

Pour conclure, on pourrait parler ainsi de la subversion de la secondarité du savoir analytique.

SUBVERSION DE LA PSYCHANALYSE FACE AU POUVOIR MEDICAL

Je pense, qu'après avoir développé les deux premiers dangers qui guettent l'analyse pour l'étouffer ou pour la stériliser, le risque de dilution par l'institution médicale intervient hiérarchiquement ensuite.

J'ai plusieurs médecins en analyse, et je peux affirmer sans crainte et sans compter qu'ils sont des individus brillants rationnellement mais peu intelligents subjectivement par le fait qu'ils symbolisent généralement peu et difficilement. Il est intéressant d'observer que les études et la formation médicale sont essentiellement fondées sur un savoir intellectuel et technique où l'inconscient, l'identité et la subjectivité n'ont strictement aucune place.

Ainsi, pour accéder à la fonction du psychiatre et au CES de psychiatrie, les médecins doivent compléter leur formation par trois années de stage dans une institution psychiatrique suivies de cours universitaires, essentiellement orientés sur la psychopathologie et la pharmacologie psychiatrique, puis finalisées par la présentation d'un mémoire.

Toujours au sujet de la psychiatrie, il est important que la psychanalyse s'en démarque aussi pour plusieurs autres raisons majeures : tout d'abord, le diagnostic psychiatrique a une critérisation essentiellement de tradition béhaviouriste en s'appuyant sur une sémiologie préférentiellement comportementale (D.S.M. IV et C.I.M. 10) ; a contrario, l'évaluation psychanalytique du patient est une évaluation qui se réfère globalement autant à une sémiologie représentationnelle interne qu'à une sémiologie comportementale. La psychiatrie n'utilise quasiment pas cette sémiologie de l'identité intra-psychique où sont évaluées simultanément la conscience et la qualité des représentations corporelles (qualité émotionnelle par exemple), des représentations cognitives (qualité communicationnelle, capacité de symbolisation...) et des représentations socio-écologiques (conscience et richesse relationnelle par exemple...) ; contrairement à la médecine psychiatrique qui travaille surtout dans le moi, l'analyste travaille donc à équidistance de la surface du moi et de la profondeur du ça.

Une autre différence notoire se trouve dans l'action dynamique de l'acte analytique qui s'oppose structurellement à l'action passive de l'acte psychiatrique : le médecin psychiatre va chercher principalement à stabiliser le malade par l'action de molécules chimiques, qui agissent seulement sur certains neurotransmetteurs. Ainsi, les psychotropes, avalisés par la « méthode expérimentale technocratique », elle-même associée à la rentabilité financière de l'industrie psychiatrico-pharmaceutique et à « l'efficacité » iatrogénique de la psychiatrie biologique, semblent apparaître comme une catastrophe démocratique et sanitaire. Dailleurs, les pychotropes sont peut-être « tellement efficaces » parce que la psychiatrie biologique et l'industrie pharmaceutique, qui cherchent toujours laborieusement et obsessionnellement des « signatures biologiques » (mais non-identitaires… bien sûr !) aux maladies mentales, ont réussi à convaincre tout le monde qu'ils le sont… Accessoirement, le psychiatre fait aussi un diagnostic. A contrario, le psychanalyste va chercher à mobiliser l'identité et la symbolisation de l'analysant, mais sans tomber non plus dans l'orgueil thérapeutique du discours médical.

Avant de finaliser ma démonstration, je veux revenir sur un truisme, ou plutôt sur une tautologie qui a cours sur le concept de guérison en médecine et implicitement en psychiatrie, où le concept de guérison psychiatrique (…) est amalgamé confusément et injustement à une sorte de « guérison psychanalytique » ! (heureusement interprété par les analystes freudiens comme fantasme de guérison) ; en effet, le concept de guérison en médecine psychiatrique est un concept extrêmement normopathique, voire salonnard, imprégné des normes béhaviouristes d'une bonne adaptation socio-technocratique, des « normes étatico-addictives d'une bonne soumission psychotropique moléculairement correcte » et des « normes civiques d'une bonne cohérence sociétale républicainement correcte » ; là aussi, la psychanalyse est « intégralement » différente.

De plus, la psychanalyse a forgé un concept beaucoup plus élaboré sur le processus dynamique et circulaire de santé (dépassant ainsi la pseudo-notion statique et virtuelle de guérison en psychiatrie) avec la notion heuristique de génitalité qui définit une orientation dynamique et intentionnelle de la personnalité vers un fonctionnement identitaire souverain (dans le moi mais aussi et surtout dans le… soi !), conscient et régulièrement actualisé sans se référencer excessivement à une « bonne » socialisation technocratique et... étatogénique.

SUBVERSION DE LA PSYCHANALYSE FACE AU POUVOIR ETATIQUE

Au-delà de ces hiatus indépassables entre médecine technocratique/médecine psychiatrique et psychanalyse, sourdent les problématiques circulaires encore mal analysées des institutions et de l'Etat, car si la psychanalyse se soumet à l'institution, j'entends par là l'institution d'Etat, elle va immanquablement devoir se stériliser en obéissant à un ordre étatique (d'où émanent les pulsions politiques, les pulsions de pouvoir et les pulsions étatiques si peu compatibles avec la conscientisation du ça ou du soi du citoyen), à un ordre institutionnel (la « sécurité sociale » !), à un ordre universitaire (avec le risque que l'analyse devienne uniquement un savoir étatique exclusivement rationnel ou intellectuel et donc bêtifié et fragmenté...), à un ordre pédagogique (qui pourrait altérer la singularité de la transmission psychanalytique fondée essentiellement sur l'analyse personnelle et sur l'intégration avancée de l'inconscient de l'élève-analyste), à un ordre sanitaire (la « santé mentale » par la « linéarisation » des neuro-transmetteurs…), à un ordre épistémologique (qui orienterait les recherches psychanalytiques sur des thèmes « scientifiquement intéressants » et « étatiquement autorisés »), à un ordre moral (la moralité de nos sociétés guerrières contemporaines...) ou à un ordre religieux (les « diableries » de l'Etat chrétien contemporain !….).

Dans tous ces cas, les risques qui pourraient invalider la psychanalyse seraient de dissocier du questionnement psychanalytique incessant, certaines parties de l'inconscient devant rester politiquement impensées : je pense là à l'inconscient institutionnel, à l'inconscient militaire (avatars circulaires du colonialisme, nouvelles formes furtives de terrorisme d'Etat, méta-colonialismes contemporains, etc.), à l'inconscient pédagogique, à l'inconsient cognitif, à l'inconscient scientifique, à l'inconscient religieux, à l'inconscient politique, à l'inconscient juridique (supra-légalité et extra-judiciarité de certaines institutions d'Etat), à l'inconscient social, à l'inconscient psychiatrique (pensons là aux parquages financièrement délectables et humainement délicieux de nos cliniques psychiatriques « nationales », structurées essentiellement par des « soins » d'incarcérations couplés à des méthodes de sur-psychotropisations…), à l'inconscient culturel...

J'ajoute aussi, que ces risques de neutralisation ou de disqualification de la psychanalyse, fomentés subtilement par les pouvoirs étatiques ou fédéraux, sont en train de se produire, notamment en France qui a une psychanalyse bouillonnante, très créative et… sulfureuse sur le plan de ses recherches actuelles. D'ailleurs, on peut la considérer aujourd'hui comme la meilleure du monde par rapport à ses sujets de recherche (cités précédemment) qui sont déjà à des stades d'élaboration très avancés .

De plus, il est stimulant de noter que dans certains pays (comme au Brésil ou aux Etats-Unis), ces phénomènes très subtils de censure rampante ont déjà eu lieu (mais qui ont heureusement avorté).

La psychanalyse ne doit donc pas se transformer en bicyclette à poissons (phénomène qui a commencé à s'orchestrer clandestinement sous l'action de certains médecins et psychiatres, de groupes lacaniens ou d'universitaires travaillant quelquefois à la double solde de leur institution mais aussi de l'Etat) et doit continuer à rester incessamment vigilante par rapport à toute inféodation systémique.

Le risque de cléricature institutionnelle demande aussi une autre réflexion analytique toute particulière : comment de « vrais professionnels » de l'inconscient (ce qui veut dire implicitement qu'il y a de « faux professionnels » de l'inconscient…) peuvent-ils demander la reconnaissance sociale de la profession sans en avoir au préalable analysé tous les risques majeurs inhérents à l'institutionnalisation de la psychanalyse ?

Par exemple, l'inféodation de la psychanalyse à l'assurance maladie (prosaïquement appelée sécurité sociale...), pourrait la conduire à un contrôle insidieux de sa pratique par le biais d'une nomenclature (!) de soins (!) et aboutir à un « psychanalytico-tourisme » de pseudo-analysants qui n'auraient plus à sortir un sou... ni à symboliser, phénomène bien connu dans le phénomène occulté du « tourisme médical de la psychiatrie étatique » qui aboutit aux effets pervers que les patients sont essentiellement psychotropisés sans réellement suivre un réel travail identitaire profond d'ordre psychologique ou psychanalytique…. Ou encore son inféodation aux normes socio-culturelles (par exemple la «  Reconnaissance Officielle d'Etat  ») pourrait à terme assécher ses questionnements socio-psychanalytiques les plus heuristiques (sur l'œdipe sociétal par exemple).

Je pense que tout désir (ou pulsion) de cléricature institutionnelle peut être interprétée comme une pathologie identitaire non symbolisée chez les analystes qui se trouvent ouvertement et pseudo-consciemment dans cette demande : pour être plus précis, on peut interprêter cela chez de nombreux citoyens et chez de nombreux professionnels de la santé (notamment chez la plupart des psychanalystes lacaniens) comme « le déplacement réificatoire et incestueux d'une problématique paternelle infantile totalement clivée (ou d'un désir interne diabolisé et désœdipianisé de l'inconscient paternel), issue originellement de leur Œdipe individuel non régulé dans une double position inconsciente d'angélisation du père étatique (ou du père institutionnel) et de diabolisation de leur narcissisme-mère dans leur Œdipe sociétal adulte.

Cette problématique paternelle très douloureuse et non résolue résulte de la confusion grave occasionnée par un père en façade présent physiquement mais absent mentalement (soit par maladie mentale non diagnostiquée ou non identifiée comme telle par les proches ou soit par immaturitéé générale). Les symptômes qui en découlent s'apparentent à un fort désir « réifié » et très pathologique de reconnaissance, de transmission, de filiation « préférentielle », de légitimité sociétale excessive, d'interdit, d'amour obsessionnel des « pères », etc. 

Ce qui veut dire que risquer une institutionnalisation de la psychanalyse équivaut à institutionnaliser et surtout à étatiser le désir... Est-ce bien compatible avec une évolution réelle de la psychanalyse ?

Ainsi, derrière l'institutionnalisation de la psychanalyse, se cache son étatisation qui risquerait à terme de ralentir, de diluer ou même d'empêcher, dans le futur, de fructueuses recherches encore non-réalisées dans la continuité de Freud sur la psychanalyse de la guerre, sur la psychanalyse du pouvoir étatique (frère incestueux réifié du père historique !), sur la psychanalyse de la mondialisation, sur le décryptage psychanalytique des nouvelles aliénations identitaires de masse perpétrées par les pouvoirs techno-étatiques contemporains… La liste est loin d'être close et bien d'autres phénomènes socio-systémiques sont à mettre sur le divan !

SUBVERSION DE LA PSYCHANALYSE FACE AUX NORMOPATHIES OCCIDENTALES

La psychanalyse est la seule entité de recherche qui ait cette capacité de remise en question de l'inconscient au sens large. Elle a ainsi pour vocation de déconstruire et quelquefois de « profaner » (dans le sens de l'étude des grandes tautologies culturelles non définies et collectivement admises) toutes les normes pathogéniques et tous les dispositifs phalloïdes qui aliènent la conscience représentationnelle des citoyens et qui étrillent la symbolisation de l'ensemble de l'espèce humaine actuelle. Ces dispositifs phalloïdes peuvent être des idoles religieuses, des croyances idéologiques, des mystifications culturelles ou des méga-chevaux de Troie systémiques (comme la mondialisation économique) qui se cachent souvent derrière les masques brillants de la science, de l'amour, de l'humanitaire, du patriotisme, du nationalisme, du mondialisme ou tout bonnement de Dieu.

Il appartient à la psychanalyse de préserver cette fonction critique, heuristique et fertilisante.

SUBVERSION DEMOCRATIQUE DE LA PSYCHANALYSE

J'ai le sentiment que Freud, dans ses écrits, cherchait profondément à aider l'ensemble des individus, c'est à dire le peuple. Il n'a pas inventé la psychanalyse pour une élite ; d'ailleurs, ses écrits ne sont pas ésotériques et restent très largement accessibles, ce qui n'est pas le cas par exemple, pour Jung ou pour Lacan.

Dans le même sens, on retrouve ce décalage très net qui oppose le sens démocratique de la psychanalyse avec la désubjectivation peu démocratique de la pratique psychiatrique actuelle, avec la pseudo-narcissisation oligarchique du lacanisme franco-français ou encore avec l'ésotérisme élitiste (rituel et sémantique) de la religion catholique.

Cette volonté démocratique de la psychanalyse initialisée par Freud, positionne une fois de plus très différemment la psychanalyse par rapport à la pratique psychiatrique et par rapport à la pratique religieuse et il est souhaitable, au vue de l'actualité sociale contemporaine, de garder, voire même de développer cet esprit éthique particulier à Freud.

SUBVERSION ATOPIQUE ET SUBVERSION PANOPTIQUE DE LA PSYCHANALYSE

Je voudrais conclure sur deux aspects majeurs de la subversion psychanalytique qui m'apparaissent les plus significatifs : la subversion atopique et la subversion panoptique de la psychanalyse.

Il est aujourd'hui urgent, pour nous psychanalystes, de conscientiser et d'analyser profondément et finement notre pulsion de destruction à l'encontre de notre jeune psychanalyse pourtant initialement atopique, voire dystopique sur les plans historiques, politiques, institutionnels et étatiques afin d'arrêter de banaliser nos clivages professionnels, afin d'endiguer la mort progressive de notre subjectivité et afin de conscientiser définitivement les réalités du monde guerrier et halluciné dans lequel nous vivons actuellement !

Il est temps aussi pour nous d'assumer le statut originellement subversif et humaniste de la psychanalyse afin de nous engager définitivement à la protéger et à la faire évoluer au travers des nombreux pièges internes (les nôtres en tant que ceux de notre inconscient notamment paternel) et au travers des nombreuses séductions externes qui cachent, sous les habits « kitsch » de la République, (Sécurité Nationale, Sécurité Extérieure, Ordre Public avancé, Raison d'Etat extra-judiciaire, Démocratie autoritaire, latrie de l'Etat, pseudo-légalité constitutionnelle, vertu patriotique, droiture « organisationnelle », pharisaïsme judiciaire, idéologie « hyper-sécuritaire », etc.), le « pouvoir d'Etat le plus noir » en tant qu'organisateur carcéral et occlusif du désir symbolique des citoyens et de l'identité profonde des peuples.

Il nous appartient donc de maintenir ouvertes aujourd'hui plus que jamais ces questions fondamentales soulevées par Freud sur les singularités subversives de la psychanalyse et sur le respect de l'analyse profane, quand on sait que les Etats technocratiques actuels emploient, depuis peu, des psychologues et des psychiatres pour générer une nouvelle forme de guerre « grise » ou « psycho-toxique » qu'ils appellent techniquement guerre psychologique ou très récemment « guerre cognitive », avec des techniques extrêmement sophistiquées d'hétéro-dépersonnalisation collective et de dénarcissisation de masse.

Finalement, nous devons prolonger, fertiliser et actualiser sans cesse cette vigilance pour veiller à l'autonomie de notre pratique analytique afin de préserver cette non-place atopique et finalement très subversive, inhérente à elle-même. Cette veille panoramique et incessante que j'ai appelée subversion panoptique de la psychanalyse et cet atopisme singulier doivent permettre d'éviter toute contamination ou tout rapprochement diluant de la psychanalyse avec des systèmes scientifiques, religieux, institutionnels, étatiques, universitaires ou socio-politiques qui pourraient induire des dissociations et des cryptages au cœur même du travail analytique .

Dernière mise à jour : ( 03-12-2007 )
 
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