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Écrit par Nots   
24-12-2006

Approche psychanalytique de l’analogie religieuse

Nots Christian 

1

 

L'analogie est le processus psycho-spirituel central trans-historique et trans-géographique qui permet la conscientisation de l'identité interne par transfert des valeurs spécifiques des symboles sur des valeurs identitaires "analogues" ; par exemple, les symboles expérientiels courants ayant une forte valeur identitaire sont classiquement représentés par des sons divers (musiques, vibrations, percussions…) pour affiner l'identité auditive (le Self auditif) par la prière ou la méditation pour activer le senti et l'intuition (identité symbolique ou Self de la symbolisation) par une fête (rituel festif) pour renforcer la cohésion groupale (le Self groupal), par un animal pour un aspect fonctionnel particulier, par un bouquetin ou un herbivore pour ses capacités motrices et musculaires, par un félin pour ses capacités de vélocité cognitive, de concentration mentale ou de sérénité psychique, par un rapace pour son acuité sensorielle, par un « plan de masse architectural » pour sa représentativité topologique et didactique ou par un mythe pour ses similitudes identitaires suggestives…

 

Le plus couramment, les rituels religieux - ou l’ancien travail psychothérapique de masse - travaillaient sur la réactivation analogique du Self sensoriel, du Self émotionnel, du Self territorial, du Self sexuel, du Self relationnel, du Self corporel, du Self musculaire, du Self de la mort…

 

Les religions ont toujours utilisé des analogies naturelles pour réguler consciemment les grands piliers identitaires de notre humanité récente. Il suffit de comparer trans-historiquement et trans-géographiquement les invariants analogiques des rituels et des mythologies pour retrouver les mêmes quêtes identitaires universelles de conscientisation et de régulation fonctionnelle de la mort, de la territorialité, des émotions et des affects, du sexe, du mental, du corps, de la sensorialité, de la folie, de la maladie, de la relation à l'autre, du groupe, de la loi et des interdits…

 

Les hommes se sont donc posé très tôt la question religieuse de l'intériorité en terme d'activation identitaire topologique et analogique : les mégalithes, les pierres levées, les temples fontaines, les grottes sculptées, les pétroglyphes géants… témoignent de l'existence de centres cérémoniels continentaux "analogiques" illustrant l'archéo-genèse et l'universalité de cette quête. Dans la protohistoire et la préhistoire, ils ont régulièrement cherché des symboles dans la nature pour établir des analogies avec leur Self naissant ; par exemple, les Chaldéens et les prêtres de Babylone ont avancé la thèse de la parenté entre les planètes et l'âme. Spontanément, ils affirmaient qu'il y avait une liaison analogue entre les lieux de la voie lactée, les degrés de lumière des astres, les rythmes des saisons et les lieux de leur intériorité identitaire.

 

Platon voyait dans l'analogie diverse fonctions : elle permettait de dépasser les limites de l'expérience et de se représenter l'immatériel (le divin, l'âme, les idées, les dieux…). L'ethnologue Ruth Bénédict a cité un autre exemple intéressant avec les Zuni, peuple d'indien Pueblo qui utilisent comme symbolique de l'âme, l'espace et les animaux d'une manière très simple : leur système de base est une répartition de l'espace correspondant à sept directions : nord, est, sud, ouest, centre, zénith et nadir ; à chaque point correspondaient des végétaux, des animaux, des astres, des pierres… Ainsi, ils représentaient leur intériorité comme un lieu structural à sept parties. Le plus souvent, chaque lieu de l'intériorité était divisé en douze parties.

 

Au niveau mondial, toutes les méthodologies religieuses primitives d'accès au Self s'appuient entièrement sur des correspondances entre le Self comme microcosme et le monde comme macrocosme avec des norias de symboles tirés de la nature (grottes et peintures rupestres, alignement de mégalithes, topographie de pétroglyphes géants, leys préhistoriques…).

 

Les supports rituels et symboliques à fortes valeurs identisantes ou individuantes étaient les suivants :

 

·        Les lieux naturels : vallées, forêts, grottes, labyrinthes naturels, topologies naturelles extraordinaires…

·        Les couleurs : le rouge et le noir furent utilisés dans les enterrements dès le début du paléolithique.

·        Les animaux : on retrouve invariablement des dispositifs tri-systémiques renvoyant à la structure absolue et tripartite du Self (les supports symboliques herbivores/Selfs corporels, félins/Selfs cognitifs et Rapaces/Selfs socio-expérientiels).

·        La femme au paléolithique comme garante et dépositaire de l'intériorité (Vénus stéatopyges du paléolithique, la Déesse blanche du néolithique, le Vierge Marie, la Sainte Vierge, etc.).

·        Les pierres seules ou alignées au paléolithique et au néolithique : elles renvoyaient primitivement au relief identitaire intérieur préfigurant les premiers piliers dans les futurs dispositifs tardifs et désémantisés de nos temples et de nos cathédrales.

·        Les dispositifs calendaires d'observation de la lune, des planètes et des astres : ils correspondaient à des supports analogiques d'enseignement initiatiques sur le Soi (Par exemple, avec le disque de Phaïstos).

·        Le corps plus récemment comme analogie symbolique fragmentaire et tardive du Self dans le christianisme.

 

D'un point de vue cognitif, le concept d'analogie est important à réhabiliter car il complète activement et stratégiquement le processus topologique, autre processeur cognitif central qui permet d'arriver à une conscience opérationnelle du Soi. Cependant la notion de topologie, malgré quelques essais de conceptualisation avortés a aussi fini par subir une axiomatisation simpliste au début du XX ème siècle (je pense là au schéma tautologique de la deuxième topique de Freud).

 

Ainsi actuellement, notre mentalisation incomplète ne nous permet d'investir qu'une partie de nos capacités cérébrales en privilégiant excessivement le moi de surface qui gère la raison et les comportements existentiels ; les parties mentales qui gèrent la sensibilité générale et surtout la conscience identitaire interne restent peu activées, voire fossilisées : ces régions de l'intelligence sont encore sauvages et rarement explorées, même si chaque civilisation a toujours cherché à inventer des méthodes plus ou moins efficaces pour accéder à ces provinces neuronales laissées en friche. Actuellement, ce processus de masse d'hypertrophie du moi et d'hypotrophie du Self est le lot de la majeure partie de la population mondiale qui ne brille pas particulièrement par sa santé et par ses consciences corporelle, cognitive et socio-politique. L'agitation guerrière et schizophrénogène de nos technocraties post-industrielles du XXIème siècle témoignent douloureusement de ce mode de pensée dyssynchronique et homologue gravement l'urgence de tempérer l'excentration létale sur notre moi grandiose et déshumanisée pour réinvestir "analogiquement" notre Soi ou notre Self.

 

A l'inverse des technocraties actuelles qui polarisent outrancièrement leur but sociétal sur le développement de la raison et de la technique, les anciennes théocraties fondaient ainsi leurs préoccupations centrales sur la quête de l'intériorité et avaient découvert l'importance vitale des dispositifs analogique et topologique d'accès et de régulation du Soi. Mais ces dispositifs multi-millénaires et trans-géographique se sont toujours perdus progressivement dus généralement à leur gigantisme opératoire et à leur complexité.

 

Malgré ces deux constats actuels et historiques signant les difficultés majeures à manier les grands processus analogiques et topologiques, nous recommençons depuis quelques dizaines d'années à évaluer et à sentir comment fonctionne notre identité interne et à cadrer des pratiques complexes à la fois cognitives, corporelles et socio-écologiques qui activent cette énorme machine analogique qui est notre Self profond et secret, générateur des stratégiques consciences intuitives et symboliques internes - ou de l'inconscient le plus radicale et le plus abyssale si la régulation de la conscience symbolique ne se fait pas.

 

En conclusion, il faut retenir que les dispositifs analogiques travaillent toujours en terme d'augmentation de la conscience du Self et représentent toujours, s'ils sont menés dans une optique de respect de l'individu, un moyen d'épanouissement et de créativité de la personnalité. Cependant, en faisant l'état des lieux des méthodologies analogiques actuelles, les faits montrent une altération massive de ces pratiques par déformation, par complexification, par désémantisation, par sécularisation d’Etat et par manipulation :

 

·        Certains cadres symboliques analogiques actuels sont consciemment manipulés par des sectes, des gourous ou par des groupes pseudo-philanthropiques ou pseudo-religieux pour brouiller intentionnellement certaines parties du Self dans un but politique (soumission religieuse, politique, familiale, conjugale, groupale…) ou encore dans des buts géo-économiques, socio-politiques de masse, etc.

 

·        Il est important d'ajouter aussi que de nombreuses loges et autres sociétés secrètes actuelles (protégées par les Etats et non répertoriées intentionnellement) emploient des méthodologies analogiques incomplètes qui ne conscientisent que sélectivement et fragmentairement certains lieux du Soi.

 

Au-delà de ces dérapages aléatoires ou abusifs, je voudrais conclure sur le regain d'intérêt que suscite le processus analogique chez les professionnels de la santé qui utilisent le contre-transfert dans leur pratique quotidienne : en effet, le cadre psychothérapique professionnel de ce début de XXIème siècle tend progressivement vers une approche identitaire à la fois analogique, topologique et globale qui intègre de plus en plus l'intégralité de l'identité via un contre-transfert beaucoup plus précis et à large spectre (corporel, cognitif et socio-écologique) permettant un travail psychanalytique – actuellement - plus performant et plus efficace.

 

La complexité d'une telle approche différentielle et analogique réserve obligatoirement ce travail à certains professionnels de la santé (je pense surtout à la frange authentique de psychanalystes cliniciens de terrain qui explorent l'identité et non la théorie !) qui arrivent à maîtriser spécifiquement ce type de pratique et de connaissance « spéciales ».

 Je voudrais terminer ce chapitre par un extrait des écrits de l'abbé Constant : "L'analogie est le dernier mot de la science et le premier mot de la foi. L'analogie est la clé de tous les secrets de la nature est la seule raison d'être de toutes les révélations. Voilà pourquoi les religions semblent être écrites dans le ciel et dans toute la nature.

" Extrait d’un chapitre de « Le dictionnaire du Self », C.Nots, A paraître fin 2007.

Dernière mise à jour : ( 03-12-2007 )
 
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